Secrets du Canadien T2 : Pierre Gervais - en prolongation by Mathias Brunet

Auteur:Mathias Brunet [Mathias Brunet]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Témoignage
Éditeur: Ovation médias inc.
Publié: 1030-01-15T00:00:00+00:00

Saku et Winston Churchill

Joé Juneau avait hâte de côtoyer Saku Koivu en se joignant au Canadien, en juin 2001. Malheureusement, Saku a été très malade dans l’avion en direction de Montréal pour le camp d’entraînement, et c’est à ce moment-là qu’on lui avait diagnostiqué un cancer non hodgkinien intra-abdominal. On ne l’avait pas revu dans l’entourage de l’équipe avant la toute fin de la saison, lorsqu’il a effectué un retour héroïque au Centre Molson.

Ce soir-là, Joé était de la formation de départ avec Saku et Andreas Dackell. Il a été fortement ému et il m’a confié par la suite qu’un lien inébranlable entre Saku et lui s’était tissé à compter de cette soirée.

On avait déjà un voyage de pêche prévu au camp de Joé, avec deux défenseurs de l’équipe, Francis Bouillon et Patrick Traverse. Joé a instinctivement demandé à Saku, qui ne quittait pas immédiatement pour la Finlande, s’il voulait nous accompagner. Saku avait un engagement à honorer, mais on avait fait le nécessaire pour qu’il puisse se joindre à nous le lendemain de notre arrivée.

Le camp de Joé se trouve à un jet de pierre de la Seigneurie du Triton, un ancien club privé américain de chasse et de pêche situé entre Chicoutimi, Québec et La Tuque. Les origines des lieux remontent aux années 1870, quand Québec et Chicoutimi ont été reliées par voie ferrée.

L’ingénieur ferroviaire, Alexander Luder, y a fondé le Triton Fish and Game Club, en 1886. Au fil des décennies, le club a accueilli de grosses pointures, comme les présidents américains Theodore Roosevelt, Harry Truman, le premier ministre britannique Winston Churchill et des membres de la famille Rockefeller.

Une montagne sépare le camp de Joé de la Seigneurie du Triton, soit moins d’une dizaine de minutes à vol d’oiseau. Son repaire appartenait à un bijoutier de New York. À sa mort, les enfants de celui-ci, n’étant pas intéressés par l’endroit, ont tout vendu, même les meubles. D’ailleurs, Joé a gardé l’argenterie marquée des initiales de ce bijoutier!

Joé a retapé l’endroit. Quand je vous disais, dans notre ouvrage précédent, qu’il avait tous les talents, non seulement a-t-il connu une très belle carrière de hockeyeur, avec plus de 800 matchs dans la LNH, mais il pouvait aussi bâtir des maisons, piloter des avions... et même les construire s’il l’avait voulu parce qu’il avait son diplôme universitaire d’ingénieur de la prestigieuse Renesselaer Polytechnic Institute (RPI) de Troy à New York!

Pour parvenir à son camp, on se rendait d’abord à sa maison à Saint-Raymond-de-Portneuf, puis on montait à bord de son petit avion de modèle Beaver, qu’il pilotait lui-même. On décollait du quai sur son lac et on amerrissait sur le lac de son camp, un court vol d’une trentaine de minutes, le seul moyen de s’y rendre.

Joé a réussi à trouver un vol à bord d’un Cessna en provenance de Rivière-des-Prairies pour que Saku puisse nous rejoindre le soir de notre arrivée.

C’était un petit appareil et en mai, la température est souvent changeante. Le vol avait été assez houleux. Saku était blanc comme un drap quand il est sorti de l’appareil.

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